La mise à feu de la végétation est une pratique très courante en zone tropicale. Mais, au-delà de certaines normes de brûlage, l’aspect utilitaire du feu est supplanté par son effet néfaste sur les écosystèmes. Au Togo, malgré les sensibilisations, des feux incontrôlés sont enregistrés chaque année sur une bonne partie du territoire et essentiellement au niveau des aires protégées (AP). Face à l’occurrence de plus en plus élevée des feux et à l’insuffisance des données de base, il devient urgent de dresser l’état des lieux des feux, les caractéristiques d’éclosion et de propagation des feux, leurs impacts sur les ressources naturelles et les raisons qui expliquent la difficulté d’appropriation par les acteurs des outils de gestion des feux. Cette étude vise à améliorer la compréhension et la gestion des feux de végétation. Spécifiquement, elle vise à étudier la dynamique spatio-temporelle des feux, évaluer les superficies réellement brulées dans trois aires protégées prioritaires, déterminer les paramètres d’évaluation du comportement des feux, évaluer les impacts des feux sur la biomasse et analyser le niveau d’efficacité de la réglementation des feux au Togo.
Source |
Thèse de Doctorat de AFELU B. Dominique |
Release date |
19/12/2016 |
Contributor |
Eric AGBESSI |
Geographical coverage |
Togo, |
Keywords |
feux de végétation, superficie brulée, réglementation des feux, aires protégées, Togo, |
Pour étudier la dynamique spatio-temporelle des feux, évaluer les superficies réellement brulées dans trois aires protégées prioritaires, déterminer les paramètres d’évaluation du comportement des feux, évaluer les impacts des feux sur la biomasse et analyser le niveau d’efficacité de la réglementation des feux au Togo, les données de télédétection ont été analysées et confrontées à des mesures de terrain. La cartographie des feux actifs et des superficies brulées a été réalisée dans ArcGIS. Des parcelles expérimentales ont été installées dans les savanes de trois AP. La biomasse herbacée aérienne, la plus exposée aux feux de surface, a été analysée. Des enquêtes auprès des acteurs ont permis d’évaluer l’impact des sensibilisations sur l’appropriation des outils de gestion des feux.
Il en ressort qu’entre 2003 et 2014, en moyenne 8836 ± 2083 km² sont parcourues annuellement par les feux au Togo, soit 15,61 ± 3,68 % du territoire. Une périodicité des années de feux extrêmes de 2 à 4 ans se dégage à l’échelle nationale depuis 1995. Mais, à partir de 2012, la tendance se maintient à un niveau extrême témoignant de l’accentuation des feux. En moyenne 28,69 ± 7,83 % de la superficie des AP brulent par an selon les données de télédétection contre un taux de 56,83 ± 18,65 % obtenu par la mesure au sol. Les superficies réellement brulées sont de l’ordre de 2,08 ± 1,02 fois plus importantes que les superficies détectées. La vitesse de propagation des feux est de 11 ± 1 cm/s en savane soudanienne et 9 ± 1 cm/s en zone guinéenne. L’intensité des feux est comprise entre 1184 ± 192 et 3207 ± 357 kW/m. Ces paramètres sont plus faibles pour les feux précoces que pour les feux tardifs et de mi-saison. La biomasse est faible au niveau des zones régulièrement brulées (1034 ± 249 g/m²) par rapport aux zones exclues des feux (1078 ± 275 g/m²). Les feux itératifs ont induit une perte de biomasse de l’ordre de 16 ± 12 à 69 ± 49 g/m² plus élevée sous climat guinéen que soudanien. Au total, 16015 ± 9627 t/an de biomasse herbacée est perdue au niveau de la zone d’étude, soit 8008 ± 4750 t de carbone rejeté. Les interventions sectorielles abordent de manière transversale la gestion des feux sans une synergie effective. Les acteurs sont peu informés de la réglementation sur les feux et d’une date limite annuelle pour la pratique des feux précoces. Les acteurs en majorité sont des ruraux avec un faible taux d’alphabétisation et un indice de pauvreté élevé justifiant du faible niveau de leur participation à la gestion des feux.
L’efficacité de la gestion des feux est tributaire d’une bonne compréhension du comportement des feux, de leurs impacts sur les écosystèmes et de l’appropriation effective par les acteurs des outils de prévention et de gestion. Une approche systémique devient incontournable à moyen et long terme. Cette démarche permettra de rapprocher la gestion des feux du développement humain intégral à travers l’alphabétisation, la réduction de la pauvreté et la responsabilisation des communautés locales.