Rapport sur l'Etat de l'Environnement du Togo

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La loi No 2008-005 du 20 mai 2008 portant loi-cadre sur l’environnement consacre à son article 15 l’élaboration d’un rapport sur l’état de l’environnement. Le présent document constitue une première analyse de l’environnement.  Le travail a consisté en une analyse bibliographique couplée à l'approche analytique au niveau de chaque chapitre thématique à travers le cadre analytique DPSIR : Driving force (Facteurs explicatifs majeurs) – Pressure (Pressions) - State (Etat de la ressource) – Impacts (Impact) – Responses (Réponse). Il ressort principalement que l’environnement togolais est riche et varié et représente un atout et une base essentielle pour le développement de toutes les activités économiques. Cependant, cet environnement est fragile par nature compte tenu des spécificités togolaises. En effet, la biodiversité, les écosystèmes togolais et les ressources naturelles (les ressources forestières, l’eau, les sols, etc.) subissent particulièrement de multiples dégradations, à cause des pressions énormes auxquelles ils sont soumis ainsi que du gaspillage dont ils font l’objet.

Ce travail se veut une contribution à la constitution d’un référentiel commun pour l’ensemble des acteurs de la vie politique, économique, écologique et éducative etc. du Togo.

 

Analyse

Cet article se propose de présenter une photographie des principaux enjeux environnementaux et de développement durable auxquels le Togo fait face. Il s’inscrit dans la vision du Plan National de Développement (PND, 2018-2022) qui prône un développement soucieux et respectueux de l’environnement.

Sur le plan biophysique, le Togo est une étroite bande de terre qui s’étire entre l’Océan Atlantique au Sud et le Burkina Faso au Nord sur 600 km et situé entre le Ghana à l’Ouest et le Bénin à l’Est sur environ 50 km, et. Il a une superficie de 56 600 km2. Le Togo jouit d’un climat intertropical à deux régimes : le régime soudanien au nord, caractérisé par une saison pluvieuse (avril-octobre) et une saison sèche (novembre-mars), et le régime guinéen au sud, avec deux saisons sèches (décembre-février et mi-juillet_août) et deux saisons pluvieuses (mars-mi-juillet et septembre-novembre). Deux alizés (le harmattan et la mousson) régulent le climat dans le pays. La pluviométrie moyenne obtenue ces dernières années est de 1100 mm/an, mais sa répartition spatiale à l’échelle nationale est très inégale.

La population togolaise, estimée à 7 552 318 d’habitants en 2015 compte 51,4% de femmes et 49,6% d’hommes. Avec un taux de croissance de 2,84%, la population togolaise se double chaque 24 an. A ce rythme, les projections prévoient une population de 8 104 000 habitants en 2022 et 9 millions d’habitants vers l’an 2027. Les principales caractéristiques de cette forte croissance est l’extrême jeunesse de la population (les jeunes de 15 à 35 ans représentent 33% de la population totale) et de fortes mobilisations vers les zones urbaines. En outre, l’ensemble de la population togolaise est inégalement répartie sur l’étendue du territoire avec la Région Maritime qui concentre à elle seule 42% de la population totale sur un dixième de la superficie du pays. L’agglomération de Lomé ou "Grand Lomé" se singularise par une concentration de 63,2 % des citadins soit 23 % de la population totale du pays sur une superficie d’environ 0,49 % du territoire national. Le pays se caractérise par un taux de pauvreté estimé à 53,5% en 2017 au niveau national, un taux de chômage élevé qui avoisine 7,8 % de la population active, et le taux net de scolarisation qui a beaucoup progressé dans le primaire, passant de 87,8% en 2009/2010 à 94,3% en 2014/2015.

Sur le plan économique, l’agriculture occupe près de 70 % de la population togolaise. On y produit du maïs, du riz, du mil, de l’igname, du manioc, du coton, du café, du cacao. On y pratique également l’élevage des bovins, des caprins, de la volaille etc. La valeur ajoutée de ce secteur représente la plus importante part du produit intérieur brut (PIB) en 2015 avec un poids de 43,9% en termes courants et 47,5% en termes réels (prix constants de 2007). Il est suivi du secteur primaire (21,0%) et du secteur secondaire (17,4%).

Le cadre de vie fait face à de nombreux défis : L’urbanisation fait face à des problèmes sérieux d’étalement horizontal des villes et d’occupation anarchique des terres et des espaces non constructibles, ce qui expose beaucoup d’habitants aux risques d’inondation. Les infrastructures et les services de base (eau potable, électricité, écoles, hôpitaux, routes, etc.) n’accompagnent pas cette urbanisation sauvage et rapide liée à la forte démographie et à la migration vers les centres urbains. Selon les statistiques de 2015, 51,94% de la population résidera en ville en 2030 et Lomé seule abritera 60% de la population urbaine. Une étude réalisée en 2015 révèle un déficit de près de 500 000 logements décents à l’horizon 2020 au Togo et 62 % de la population résideraient dans des habitations indécentes. Les réponses prévues des pouvoirs publics à ces défis sont la décentralisation aux fins d’une gestion urbaine de proximité, l’accès aux logements (50 000 à l’horizon 2020).

Le Togo enregistre de nombreux autres défis et problèmes environnementaux dont les principaux sont dus à la démographie galopante, à la pauvreté croissante des populations, à l’inadéquation entre la consommation des ressources et leur rythme de renouvellement, aux changements climatiques, à la faible prise en compte de la dimension environnementale dans les plans et programmes sectoriels, à la gestion du foncier, etc.

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Le Togo abrite une diversité biologique très importante. Elle est constituée d’une multitude d’écosystèmes aquatiques (mangroves, prairies aquatiques, lacs, marécages, océan, etc.) et terrestres (forêts, savanes, plantations forestières, cultures, jachères, etc.),. Environ 4019 espèces animales, 276 espèces de champignons, 4 414 espèces végétales et une grande variété de cultivars, de races et d’accessions sont recensées. Toutefois, certains groupes taxonomiques restent encore à découvrir dans toute leur diversité et leurs potentialités.

De façon générale, les écosystèmes et les espèces du pays sont en continuelle dégradation du fait de la forte pression démographique, de la faiblesse du financement et du mode de gouvernance du secteur. Cependant, des actions sont en cours en vue d’améliorer la gestion et sauvegarder le patrimoine national pour les générations actuelles et futures. C’est ainsi que le pays a initié la réhabilitation de son système national d’aires protégées et a soutenu la mise en place d’une cogestion des aires protégées étatiques, la responsabilisation légale des communautés à la gestion des ressources naturelles (à travers la signature des conventions locales de gestion des ressources naturelles), la promotion de la création et de la gestion durable des forêts communautaires et sacrées, l’éducation environnementale, la lutte contre la prolifération des espèces exotiques envahissantes, la gestion des feux de végétation, etc. Actuellement, le Togo compte quatre sites inscrits parmi les zones humides d’importance internationale (sites RAMSAR) pour une superficie totale de 1 210 400 ha. Il s’agit des zones humides du littoral (591 000 ha), du Parc national de la Kéran (163 400 ha), du bassin versant de l’Oti Mandouri (425 000 ha) et de la Réserve de faune de Togodo (31 000 ha). Ces deux derniers sites sont aussi inscrits sur la liste des réserves de biosphère du programme MAB (Man and Biosphere) de l’UNESCO. L’ensemble des zones humides du Togo présentent une flore et une faune très diversifiées avec la présence d’espèces emblématiques.

Le foncier et les terres constituent un patrimoine national qui a une incidence significative sur le bien-être individuel et collectif des populations. En effet ils sont un facteur essentiel pour atteindre les objectifs de durabilité environnementale, de croissance économique et d'inclusion sociale. Malgré son importance, la ressource terre est dans un état de dégradation avancée sous les effets combinés de plusieurs facteurs tels que la croissance démographique, la gouvernance, l’agriculture, la déforestation, l’urbanisation galopante, exacerbés par les effets des changements climatiques. La dégradation des terres fait aujourd’hui du Togo l’un des pays dont le taux annuel de déforestation est le plus élevé en Afrique. Ce taux de déforestation qui était de 3,37% pour la période de 1990 à 2000 est passé à 5,1% entre 2005 et 2010, alors que la moyenne pour cette même période se situait en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale autour de 0,46%. La dégradation des terres se généralise sur toute l’étendue du territoire national avec une proportion de 23 490 ha de terres dégradées chaque année soit 4,14% du territoire national sur la période 2000 à 2010.

Face à cette dégradation, le Togo a élaboré plusieurs stratégies déclinées en de grands programmes nationaux pour lutter contre le phénomène et adopter la gestion durable des terres. Parmi ces documents, on peut citer le Plan National de Développement (PND 2018-2022) qui constitue, le référentiel national des interventions de l'Etat et des partenaires techniques et financiers en matière d’intégration des Objectifs de Développement Durable (ODD) et particulièrement l’ODD 15 (Gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des terres, mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité) dans les instruments nationaux de planification. Le Gouvernement du Togo a mis en place une politique forestière, un nouveau code foncier et une politique agricole, et a signé le mémorandum établi entre les pays et la CNULCD pour la mise en œuvre du Programme de définition des cibles nationales de la Neutralité en matière de Dégradation des Terres (PDC NDT).

Le Togo dispose aussi des ressources en eau abondantes, mais inégalement réparties sur le territoire national. Elles sont majoritairement constituées des eaux de surface que drainent les trois grands bassins versants du pays (Oti, Mono et Lac-Togo) et des eaux souterraines renouvelables contenues dans les deux grandes formations aquifères du socle et du bassin sédimentaire côtier. Pour l’ensemble du pays, les ressources en eau renouvelables annuellement sont estimées à plus de 19 milliards de mètres cube par an, les prélèvements totaux d’eau de surface et d’eau souterraine sont estimés à 240 millions de m3/an pour 2010 et 650 millions de m3/an à l’horizon 2025. Ces prélèvements restent globalement insignifiants par rapport aux ressources disponibles. Malgré cette grande potentialité des ressources en eau, la proportion de la population ayant accès à une source d’eau potable est estimée à 56,1%. Les ressources en eau du Togo sont sujettes à de multiples pressions qui compromettent la durabilité de celles-ci en l’absence de toute approche de gestion intégrée. Parmi ces pressions figurent la croissance démographique, le déficit des règles d’hygiène et de l’assainissement en général, la pollution par les nitrates et les métaux lourds, la contamination bactérienne, les changements climatiques et les changements d’occupation et d’utilisation des terres, l’intrusion saline dans la nappe du Continental Terminal qui fournit près de 70 % de la consommation en eau à ville de Lomé. Les activités agricoles avec l’utilisation des engrais et des pesticides, les activités industrielles qui génèrent des effluents bruts déversés dans les cours d’eau, lacs, dans le système lagunaire, favorisent l’eutrophisation des eaux de surface. Les lits des étendues d’eau sont menacés d’ensablement et contribuent aux inondations qui deviennent récurrentes dans certaines régions du pays. La contamination des eaux impacte beaucoup sur la santé humaine avec un fort taux de maladies hydriques (paludisme, gastroentérites, diarrhées etc.).

La loi N°2010-004 du 14 juin 2010 portant code de l’eau constitue la base légale et l’assise juridique nationale permettant la mise en œuvre et le développement d’une véritable politique de gestion et de mise en valeur des ressources en eau au Togo. Les institutions de gestion sont entre autres : le Ministère chargé de l’eau, le Ministère de l’environnement, du développement durable et de la protection de la nature, le Ministère chargé de l’agriculture, , le Ministère chargé de la santé, La Direction de la météorologie, la société Togolaise des Eaux (TdE), la Société de Patrimoine Eau et Assainissement Urbain (SP-EAU)

Le potentiel minier togolais regorge plusieurs types de substances minérales. Géologiquement, le pays recèle de potentiels en gisements métallifères tels que le fer (Fe), le manganèse (Mn), la chromite (Cr), la bauxite (Al), le nickel (Ni), et zinc (Zn)); non métallifères (phosphates meubles, carbonatés et métamorphiques), argiles industrielles (kaolinite, illite, attapulgites), pierres ornementales (marbres dolomitiques, cipolin vert, granites vert, gris, jaunes et roses, migmatites, granite porphyroïde, quartzites), monazite (terres rares, grenat). Au Togo, l’exploitation minière (phosphate, calcaire…), l’extraction des granulats dans les carrières de concassage et celles du gravier et sable engendrent des problèmes environnementaux sur les éléments du milieu biophysique et la santé des populations. Pour les phosphates et les calcaires, il s’agit de dégradation des milliers d’hectares de terres inutilisables pour l’agriculture, le déversement de 2 à 3 millions de tonnes d’effluents de phosphates riches en métaux lourds (Cd, Pb, Cu, Ni, Zn, Ba, V, U, etc) et argiles causant une pollution transfrontalière de l’océan (Togo, Bénin, Nigéria) et une dégradation de la qualité des eaux, des sédiments et des écosystèmes côtiers. La pollution atmosphérique par l’émission des poussières, des GES, des métaux dans les mines d’exploitation et de traitement des phosphates, du calcaire et des concassés de granite et gneiss, est responsable de beaucoup de maladies pulmonaires et des yeux chez les employés et populations des zones affectées.

L'Etat togolais a mis en œuvre des lois et un nouveau code minier avec un accent particulier sur la protection de l'environnement pouvant être affecté par l'exploitation minière. Au niveau sous régional, il est adopté la politique de développement des ressources minérales de la CÉDÉAO (2012) et l’acte additionnel n°01/2000 du 14 décembre 2000 portant politique minière commune de l’UEMOA. Le gouvernement togolais a pris un décret n° 70-164 du 02-10-70 qui fixe, en application des dispositions de l'article 134 du code du travail : «les mesures générales d'hygiène et de sécurité applicables aux travailleurs des établissements de toute nature » et l’arrêté interministériel N°004/MTESS/MS du 07 octobre 2011 portant création de service de sécurité et santé au travail, pris conformément aux articles 175 et 178 du code du travail.

En ce qui concerne le domaine énergétique, la répartition des sources d’énergie pour la consommation finale au Togo montre que c’est la biomasse qui est prédominante, représentant 76% de la consommation finale d’énergie, avec majoritairement des combustibles ligneux notamment le bois de feu, le charbon de bois ainsi que certains résidus agricoles. La répartition des sources a aussi légèrement évolué : l’électricité était déjà à 4% en 2011, la part de la biomasse était alors de 71%, et celle des produits pétroliers de 25%. Les statistiques indiquent que le Togo ne produit qu’à peine 40 % de sa consommation en énergie électrique. La répartition de cette consommation finale totale d’énergie (1973 ktep) par secteur d’activité montre que ce sont les ménages qui sont très largement majoritaires avec 74% de cette consommation. Le quart restant est partagé entre le secteur des transports à 13% et celui des services marchands et publics à 10%. Il est à noter que l’industrie, pour sa part, ne représente que 3% des consommations finales. Des efforts sont consentis par l’état pour une amélioration de l’accès à l’électricité. Ainsi, le taux d´accès à l’électricité est passé de 22,5% en 2008 à 36% en 2016. Au niveau de l’électrification rurale, le taux d’accès est passé de 3% en 2008 à 6% en 2016, cependant beaucoup reste à faire.

En terme environnemental, le secteur de l’énergie est considéré comme une source importante de déforestation, de dégradation des terres, des émissions de gaz à effet de serre (GES). Ses émissions représentent 5,17% des émissions totales de GES au Togo en 1995. Ces émissions sont composées de dioxyde de carbone (CO2), de méthane (CH4) et de d’oxyde nitreux (N2O). La combustion de biomasse et des énergies fossiles sont responsables de la pollution atmosphérique et des problèmes de santé inhérents (maladies pulmonaires, cancers, AVC) en nette augmentation dans le pays. La part de l’utilisation des énergies renouvelables (éolien, solaire, hydroélectricité, biogaz, biocarburant etc.) est encore très faible malgré un fort potentiel. Des efforts sont faits par le gouvernement pour la production et la consommation durable de l’énergie, la promotion des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.

La gouvernance du secteur a pour socle les orientations de sa planification stratégique de même que son cadre législatif, règlementaire et institutionnel. La vision de développement du secteur de l’énergie du Togo est axée sur quelques piliers essentiels à savoir : (i) assurer, à l’horizon 2030, à toute la population togolaise l’accès à une énergie propre, de qualité, à un coût abordable et qui préserve l’environnement en vue de parvenir à un taux d’accès de 50% en 2020, 60% en 2022 et 75% en 2025 et 100% en 2030; (ii) réduire la dépendance énergétique et augmenter sensiblement la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique pour atteindre plus de 40% en 2020 et 50% des énergies renouvelables dans le mix énergétique à l’horizon 2030. Le secteur de l’énergie est géré́ au sein du gouvernement par le Ministère des mines et des énergies (MME), appuyé par la direction générale de l’énergie, la direction des hydrocarbures, l’Autorité́ de réglementation du secteur de l’électricité (ARSE), la Compagnie Energie Electrique du Togo (CEET), l’Agence Togolaise d’Electrification Rurale et des Energies Renouvelables (AT2ER) et la Communauté Electrique du Bénin (CEB).

 

La zone côtière du Togo s’ouvre sur l’Océan Atlantique par la plaine côtière de 50 km, orientée en Est-Ouest. Elle représente l’espace margino-littoral en front de mer où les interactions fluvio-marines régulent les écosystèmes côtiers. Cet espace porte des écosystèmes des cours d’eau Haho et Zio, le Lac Togo, les lagunes de Lomé, de Togoville et d’Aného, le chenal de Gbaga avec sa mangrove et les cordons coalescents différenciés entre les bassins fluviaux du Lac Togo et du Mono. Cet ensemble marin et côtier riche en flore et en faune terrestres et marines est soumis à une forte empreinte humaine qui se distingue par l’extension urbaine accélérée, les industries et les infrastructures de port maritime et de l’aéroport, les activités de pêche, l’exploitation du phosphate, du calcaire, des sables et graviers. La concentration des services centraux et des activités économiques, industrielles (plus de 90% des industries) et commerciales à Lomé, fait de la zone littorale un pôle d’attraction des mouvements migratoires. Les problèmes majeurs que connait la bande littorale sont : la démographie galopante (1 745 744 habitants soit 67 % de celle de la région et plus du quart soit 28 %) de la population du Togo, l’urbanisation sauvage, l’occupation irrationnelle, la dégradation des terres, l’érosion côtière, la pollution de la mer et des écosystèmes aquatiques côtiers par les rejets des déchets miniers et des eaux usées des ménages, les rejets anarchiques de sachets plastiques qui envahissent les sols les plages, les eaux de surface et l’océan. L’usine des traitements des phosphates de Kpémé installée sur le littoral rejette par an et ce depuis 1960, 2 à 3 millions de tonnes d’effluents miniers riches en métaux lourds Cd, Pb ; Cr, Cu, Ni, Zn, U, Ba, Sr, etc qui polluent les eaux côtières, le biote et entrainent une forte réduction des ressources biologiques marines et lagunaires au-delà des eaux togolaises.

L’érosion côtière est un phénomène très actif sur les côtes togolaises et se caractérise par le recul du trait de côte à une vitesse moyenne de 6 à 8m/an. Le coût économique du phénomène se traduit par des pertes considérables de terrains par les collectivités locales avec la disparition des cocoteraies et des destructions massives d’infrastructures d’habitations (villes et villages entiers), de loisirs (hôtels), et de transport notamment la route côtière. L’évaluation du coût de la dégradation sur les 30 dernières années, effectuée en 2017 par la Banque Mondiale, s’élève à 125,4 milliards de FCFA soit 4,4 % du PIB 2017 correspondant à une perte de 4,18 milliards par an.

Le pays subit sérieusement les impacts des changements climatiques. Le climat du Togo connait dans l’ensemble un réchauffement global. Le tableau 1 et le tableau 2 montrent respectivement le phénomène de réchauffement et l’évolution des précipitations dans les différentes zones climatiques du Togo. Les moyennes contenues dans les tableaux ci-dessous ont été obtenues à partir des données de la Direction générale de la météorologie nationale (DGMN)

Tableau 1 : Evolution du phénomène de réchauffement observé dans les différentes zones climatiques du Togo

Stations synoptiques

Moyenne de T(°C)

1961-1985

Moyenne de T(°C)

1986-2018

Ecarts de T(°C)

Lomé

06° 10’ N – 01°15’ E

26,8

28

1,2

Atakpamé

07°35’ N – 01°07 E

25,8

27

1,2

Sokodé

08°59’N – 01° 07’ E

26,2

27

0,8

Mango

10° 22’ N – 00° 28’ E

27,9

29

1,1

Source : A partir des données de la Direction Générale de la Météorologie Nationale, (2019)


 

Tableau 2 : Evolution des précipitations dans les différentes zones climatiques du Togo

Régions

Moyenne de pluies (mm) 1961-1985

Moyenne de pluies (mm) 1986-2018

Ecart (mm)

Lomé

06° 10’ N – 01°15’ E

876,0

816,2

-59,8

Atakpamé

07°35’ N – 01°07 E

1363,3

1347,9

-15,4

Sokodé

08°59’N – 01° 07’ E

1380,7

1282,9

-97,8

Mango

10° 22’ N – 00° 28’ E

1085,1

1038,3

-46,8

Source : A partir des données de la Direction Générale de la Météorologie Nationale, (2019)

Le Togo a ratifié la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) en 1995 et le Protocole de Kyoto en 2004. La ratification de ces deux instruments internationaux l’a engagé à préparer et à soumettre périodiquement à la CCNUCC, les communications nationales et les rapports biennaux actualisés conformément aux décisions 17/CP.8 et 2/CP.17 adoptées par les conférences des parties tenues respectivement à New Delhi en 2002 et à Durban en 2011. Pour cela, en tant que Partie non visée à l’annexe I, le Togo doit préciser, à travers les circonstances nationales, les priorités de développement, les objectifs et les conditions qui lui sont propres et en fonction desquels il va lutter contre les changements climatiques et leurs effets néfastes.

La Communication Nationale Initiale (CNI), la toute première du Togo, a été présentée en marge de la COP.7 à Marrakech en 2001, la deuxième a été achevée en décembre 2010, la troisième en 2015 et le premier rapport biennal actualisé (PRBA) en 2017, conformément aux dispositions des articles 4 et 12 de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC).

Sur le plan de la vulnérabilité du Togo aux risques et catastrophes, le plan national de contingences (2018-2019), révèle la récurrence de certaines catastrophes qui, cumulées aux effets pervers de la pauvreté, lui confèrent un profil humanitaire complexe et préoccupant. Le contexte humanitaire togolais est marqué par des catastrophes naturelles notamment les tremblements de terre dans la zone côtière, de faible amplitude (1911-1939), des éboulements et glissements de terrains (1988, 1957, 1989 et 2012), des sécheresses (1943, 1961, 1969,1976, 1977, 1983, 1986,1987, 1992, 2000, 2006, 2013, 2015), des crues, des épidémies (choléra et méningite) . A cela s’ajoutent les épizooties de grippe aviaire AH5N1 (2007-2008) et la pandémie de grippe humaine AH1N1 de (2009), les crises alimentaires et les inondations presqu’annuelles (1992, 2003, 2005, 2007 à 2019). Depuis 2012, le pays connaît une nouvelle forme d’urgence (marées hautes) qui accentue le phénomène de l’érosion côtière et de submersion marine. Les problèmes majeurs de l’heure sont les inondations et l’érosion côtière : Les régions maritimes et des savanes sont très affectées par les inondations.

Le faible niveau de mise en œuvre de la stratégie nationale pour la réduction des risques de catastrophes 2013-2017 (à actualiser en 2019) tant au niveau sectoriel que multisectoriel explique la vulnérabilité du pays face aux aléas de plus en plus récurrents. Le gouvernement togolais élabore chaque année un Plan National de Contingences (PNC) multirisques à travers lequel il met en place les mécanismes de décision, de coordination, d’action et de gestion des fonds et dons pour minimiser les conséquences des catastrophes sur les populations. A l’instar du Plan d’Organisation des Secours en cas de catastrophe (Plan-ORSEC), le PNC fait objet d’une mise à jour périodique.

Sur le plan de la gouvernance environnementale, le législateur a consacré le droit à un environnement sain à tout citoyen à travers l’article 41 de la constitution de 1992. Le pays s’est également doté de plusieurs textes nationaux et a signé plusieurs accords multilatéraux sur l’environnement. Mais la situation actuelle de l’état de l’environnement fait apparaître que les politiques de développement sectorielles mises en œuvre jusque-là ont conduit à une dégradation significative de l’environnement car n’intégrant pas assez la dimension environnementale dans leur planification et suivi. Le pays ne dispose pas de normes environnementales propres. En plus de cela, la situation de crise socio-politique qu’a connue le Togo durant la période de 1990 à 2005 pendant laquelle le rôle de l’Etat dans la gestion de l’environnement s’est nettement détérioré, a marqué un autre tournant de mauvaise gouvernance. Cette situation s’est manifestée par la perturbation dans l’équilibre environnemental et favorisant des conditions sociales déficientes et la non satisfaction des besoins et droits fondamentaux de la population. Dans l’optique d’assurer efficacement une bonne gouvernance environnementale, plusieurs réformes ont été entreprises sur le plan règlementaire de 2008 à 2019 pour doter le pays de nouveaux instruments de gestion de l’environnement et des ressources naturelles en tenant compte des questions de changements climatiques et du développement durable. Le Togo a adopté récemment plusieurs textes nationaux y relatifs notamment la loi n°2008-005 du 30 mai 2008 portant loi-cadre sur l’environnement, la loi n°2008-009 du 19 juin 2008 portant code forestier et la loi n°2009-001 du 6 janvier 2009 portant sur la prévention des risques biotechnologiques. Des Lois en lien avec l’environnement et le social viennent renforcer celles déjà citées : loi n°99-003 du 18 février 1999 portant Code des hydrocarbures ; loi n°2009/007 du 15 mai 2009 portant Code de la santé publique ; loi n°2010-004 du 14 juin 2010 portant Code de l’eau ; loi n°2007-011 du 13/03/2007 relative à la décentralisation et aux libertés locales ; loi n°96-004/PR du 26 février 1996 portant code minier de la République Togolaise ; Loi n°2006-010 du 13 décembre 2006 portant Code du Travail au Togo et la loi n°2018-005 du 14juin 2018 portant code foncier et domanial.

Au point de vue institutionnel, la question environnementale est pilotée par le ministère du développement durable et de la protection de la nature créé en 1987 par le décret n°87-24 du 12 mars 1987 avec ses 05 directions (la Direction des affaires administratives et financières (DAAF), la Direction des études et de la planification (DEP), la Direction de l’environnement (DE), la Direction des ressources forestières (DRF), l’Inspection des ressources forestières (IRF)) et les institutions et organismes rattachés dont : l’Agence nationale de gestion de l'environnement (ANGE), l’Office de développement et d'exploitation des forêts (ODEF).

En perspectives, on peut dire que l’état présent de l’environnement du Togo tel que décrit indique une tendance à sa dégradation continue sous l’impulsion de forces motrices telles que : la démographie à laquelle on associe ici la pauvreté, la gouvernance, l’agriculture, l’économie, les changements climatiques, l’urbanisation et l’environnement. Les perspectives se dégagent à partir des hypothèses basées sur 2 scénarios dont l’un tendanciel et l’autre durable optimal.

Pour inverser la tendance actuelle et permettre à notre pays de s’inscrire dans une dynamique de protection de l’environnement et d’être sur la voie d’un développement humain durable, les pouvoirs publics ont opéré et /ou opèrent des choix stratégiques dont le niveau de mise en œuvre n’est pas le même d’un domaine à un autre.

Ainsi dans les secteurs comme les risques et catastrophes, les énergies renouvelables et le foncier, des actions saillantes telles l’érection de l’Agence nationale de protection civile (avec ses Antennes Régionales), de l’Agence nationale des énergies renouvelables, de la Direction du Cadastre (logée au sein de l’OTR) écourtant le temps de délivrance des documents fonciers …etc., laissent penser que ces secteurs sont prioritaires aux yeux de l’Etat.

De l’autre côté des actions sont à peine entamées dans des secteurs à avenir plus ou moins sûr soit pour atténuer la vulnérabilité climatique, soit pour mieux gérer les ressources en eaux de plus en plus rares et polluées, soit pour assurer au mieux une bonne gouvernance foncière et la fertilité des terres, soit pour arrêter l’amenuisement de la faune et de la forêt, soit pour réduire les diverses pollutions provenant de l’exploitation minière ou des établissements humains.

Enfin, l’inexistence d’un plan d’élaboration des textes d’application des lois que le pays se donne au plan environnemental, de le Togo fait penser que la gouvernance environnementale ne relève pas des priorités des pouvoirs publics.

Conclusion

La réalité de la dégradation de l’environnement et ses conséquences sur la qualité de la vie et l’avenir de la planète a conduit à une prise de conscience généralisée et au développement des politiques environnementales. Le présent rapport sur l’état de l’environnement du Togo s’inscrit dans cette logique et fait partie des instruments de gestion et de prise de décision en matière environnemental. Il a été élaboré dans le cadre du Projet d’amélioration du système d’information environnementale du Togo (PASIET) et a permis de dresser l’état des lieux de la situation environnementale au Togo, à travers une analyse intégrée de ses principales composantes que sont l’eau, le sol, l’air, la biodiversité terrestre et les milieux marins, ainsi que la thématique intermédiaire et transversale des établissements humains et cadre de vie. Le diagnostic des paramètres et indicateurs environnementaux a permis de dégager et de mieux appréhender les principales forces et faiblesses ainsi que les opportunités et menaces de l’environnement togolais.

 

Il ressort principalement que l’environnement togolais est riche et varié et représente un atout et une base essentielle pour le développement de toutes les activités économiques. Cependant, cet environnement est fragile par nature compte tenu des spécificités togolaises. En effet, la biodiversité, les écosystèmes togolais et les ressources naturelles (les ressources forestières, l’eau, les sols, etc.) subissent particulièrement de multiples dégradations, à cause des pressions énormes auxquelles ils sont soumis ainsi que du gaspillage dont ils font l’objet. Cette situation engendre de nombreux problèmes environnementaux dont les principaux relevés dans le présent document sont entre autre : l’érosion côtière, la dégradation et la réduction des terres cultivables et des forêts, la pollution marine, atmosphérique et du cadre de vie , les variations de précipitations et les inondations induites par le changement climatique etc.

Au regard de l’enjeu que revêtent les problématiques environnementales, ainsi que les défis cruciaux de gestion à relever pour un développement durable, il s’avère nécessaire, en l’état actuel de l’évolution du contexte socio-économique, d’élaborer régulièrement les Rapports sur l’état de l’environnement du Togo (REET).


 


 

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