RESUME ANALYTIQUE
1 - Etat, tendances et menaces sur la diversité biologique
La diversité biologique togolaise est très riche en ses diverses composantes qui fournissent les principaux services écologiques, des denrées alimentaires et des substances médicamenteuses aux populations. Malheureusement, de fortes pressions s’exercent sur ses divers éléments, notamment les écosystèmes dans lesquels se retrouvent la flore et la faune. La diversité biologique du Togo est composée d’écosystèmes divers, de flore et de faune. On distingue principalement deux grandes catégories d’écosystèmes, à savoir les écosystèmes terrestres et les écosystèmes aquatiques. Les écosystèmes terrestres sont formés de forêts semi-décidues, de forêts sèches et de forêts claires, des forêts galeries et ripicoles de savanes guinéennes et soudaniennes. Quand aux écosystèmes aquatiques, ils sont formés d’écosystèmes fluviaux, lacustres, marins, piscicoles, des retenues d’eau et d’un écosystème particulier, les mangroves.
La flore togolaise compte 3491 espèces terrestres et 261 espèces aquatiques représentant tous les groupes systématiques actuellement recensés sur le territoire national. Une seule espèce végétale, Phyllanthus rouxii (Euphorbiaceae) poussant sur les collines ferrugineuses au Nord de Bassar est signalée comme endémique. Plusieurs espèces sont menacées d’extinction, en danger ou vulnérables.
Au terme des dernières investigations des chercheurs de l’Université de Lomé, de nouvelles espèces ont été recensées parmi les quelles les Insectes, les Amphibiens, les et les Reptiles (Amevoin et al., 2007 ; Anani, 2007 ; Segniagbeto et al. 2007 et Ségniagbeto, 2009). Par conséquent, le nombre d’espèces animales recensées au Togo s’élève à 3828 espèces au lieu de 3476 recensées en 2002 (PNAE (2002). Faute d’inventaire exhaustif permettant d’établir une liste plus complète des espèces présentes, il est difficile d’évaluer la variabilité de la diversité spécifique. Cependant, les fortes pressions
anthropiques sur les ressources biologiques présupposent une perte d’habitats naturels, donc d’une grande partie de la diversité biologique.
Aussi, le Togo dispose-t-il d’une gamme très variée de ressources zoogénétiques. Les ressources animales alimentaires sont essentiellement constituées par le cheptel domestique, les ressources halieutiques et la faune sauvage. Parmi les écosystèmes comptent les aires protégées. Des efforts considérables ont été consentis
pour la constitution des forêts classées en vue de la conservation des ressources naturelles que sont le sol, l’eau, la faune et la flore. Initialement quatre vingt trois (83) forêts classées d’une superficie de 793 288, 81 hectares étaient désignées à cet effet, entre 1938 et 1958.
Avec la mise en application de l’ordonnance n°4 du 16 Janvier 1968, l’Etat a modifié profondément son attitude face à la conservation de la diversité biologique et la prise en compte des besoins vitaux des populations. La conversion de certaines des forêts classées en parcs nationaux et réserves de faune a été réalisée de manière autoritaire avec des déplacements de populations dans le but de libérer les terres au profit de la conservation. A la faveur des troubles qu’a connus le pays au cours des années 90, tous les symboles de conservation de la diversité ont été remis en cause. Ainsi, 27 % des forêts classées sont complètement occupées (76.661,69 ha) soit par les populations riveraines soit par les plantations forestières, 55 % (692.464,69 ha) des forêts classées font, partiellement, l’objet d’occupations humaine et physique. Alors que 18 % (24162,17 ha) ne sont pas touchées et ont conservé l’entièreté de
leur étendue (fig 6).
A l’issu des travaux et d’échange avec les parties prenantes à la conservation des ressources naturelles, dans le cadre de la mise en œuvre du programme de réhabilitation des aires protégées, le gouvernement s’est fixé pour objectif la restauration et la sécurisation de 578.245,741 hectares, soit 10,21% du territoire national dans le but de conserver et d'exploiter rationnellement la biodiversité et d'améliorer les conditions et le cadre de vie des populations et
garantir aux générations futures, des ressources naturelles suffisantes dans la perspective d'un développement durable. Jusqu’alors 7,22% des aires protégées ont pu être requalifiées Dans l’ensemble, on assiste à de fortes pressions, essentiellement dues à l’influence des populations riveraines. Les principales pressions identifiées sont le braconnage, la pêche, l’exploitation forestière, les pratiques agricoles et les autres activités humaines engendrées par
la croissance démographique, les feux de brousse incontrôlés et la récole des produits forestiers non ligneux.
Les activités illégales sont difficiles à surveiller et l'application de la loi est faible. L’évaluation des menaces est représentée par les figures 8, 9 et 10. Ces menaces ont pour conséquences directes la transformation des habitats, la perte de la diversité biologique notamment le déclin des populations animales, la dégradation des fonctions ou des processus de fonctionnement des écosystèmes, etc. Les tendances très prononcées à une dégradation de plus en plus accrue de la diversité biologique ont des impacts négatifs sur l’environnement et le bien-être humain des populations, qui deviennent de plus en plus pauvres (61,7% de la population togolaise).
La côte togolaise est très érodée avec une vitesse moyenne d’érosion estimée à 10 m/an en 1982. La dégradation des milieux dulçaquicoles et marin et la surexploitation des plans ont pour conséquences une diminution de la taille des prises et la raréfaction accélérée des espèces observées dans toutes les pêcheries.
2 - Principales mesures prises pour la réalisation des trois objectifs de la Convention et pour atteindre l’objectif de 2010 : les buts et objectifs du Plan Stratégique de la Convention sur la Diversité biologique Afin de réaliser les trois objectifs de la Convention et pour atteindre l’objectif de 2010, les buts et objectifs du Plan Stratégique de la Convention sur la Diversité biologique, le Togo a adopté sa Stratégie de Conservation et d’utilisation durable de la Diversité Biologique, assortie d’un plan d’action qui intègre d’autres programmes relatifs à l’environnement tels que le Plan National d’Action pour l’Environnement (PNAE) et le Programme National de Gestion de l’Environnement (PNGE). Le plan d’action pour la biodiversité est décliné en quatre (04) domaines prioritaires : (i) le Programme de Renforcement des Capacités Juridiques et Institutionnelles (PRCJI) ; (ii) le Programme de sécurisation du dispositif national de conservation ; (iii) le Programme d’Appui à la Conservation ex situ ; et (iv) le Programme d’Appui à l’Utilisation durable et au Partage équitable des Ressources issues de la Biodiversité.
A ces domaines prioritaires, s’ajoute le programme spécial relatif à la gestion de la Transhumance et Aménagements Pastoraux. De l’ensemble des programmes élaborés, cent dix neuf (119) activités ont été définies. Jusqu’en 2008, seulement 39,8 % des activités identifiées sont réalisées (fig 10).
S’agissant du programme de travail relatif aux aires protégées, sur les cent vingt quatre (124) activités identifiées, quatre vingt onze (91) sont dédiées aux parties. Le Togo a réalisé partiellement trente une (31) activités, soit 34,9 % (fig 11). En dehors de ces programmes, des projets prenant en compte la diversité biologique sont mis en œuvre. Il s’agit de (i) le Projet sur les Changements Climatiques, (ii) le Projet sur la Protection de la Couche d’Ozone, (iii) le Projet sur les Polluants Organiques Persistants, (iv) le Projet de Biosécurité, (v) le Projet d’Epidémio surveillance, (vi) le Projet de Gestion Intégrée du Bassin de la Volta, (vii) le Programme National d’Actions Décentralisées de gestion de
l’Environnement (PNADE) en phase de démarrage.
D’autres programmes, en rapport avec la Convention sur la Diversité Biologique, sont exécutés par l’Etat. Les CVD, les ONG et autres associations intervenant dans la gestion de l’environnement ont été installés. Ces programmes concernent principalement la mise en œuvre (i) du projet Appui à la mise en œuvre du Plan Directeur de Développement Forestier
Durable de la Zone Ecofloristique IV du Togo, (ii) le projet de Reboisement et d’Aménagement Forestiers à partir de la valorisation d’anciennes plantations de teck, (PRAF), (iii) le Projet d’Aménagement Durable et Participatif des Ressources Forestières de la Forêt classée de Missahoé et (iv) le Programme de Réhabilitation des Aires Protégées, qui vise essentiellement à restaurer ces aires à travers un cadre de gestion durable de la diversité biologique. Plusieurs activités menées sur le terrain, consacrent les mesures visant la conservation de la diversité biologique, même si le Togo n’a pas défini d’objectifs mesurables dans ses stratégies et plans d’actions nationaux, tout comme il n’a pas élaboré d’indicateurs nationaux de conservation et d’utilisation durable de la biodiversité.
3 - Domaines dans lesquels la mise en œuvre au niveau national a été plus ou moins efficace Les progrès sensibles enregistrés dans la mise en œuvre des actions prioritaires sont relatifs aux activités de conservation in-situ de la diversité biologique par l’Etat et les autres acteurs de développement, notamment les organisations de la société civile et associations diverses. En effet, afin de sécuriser les aires protégées qui font l’objet de convoitises des populations riveraines, une commission nationale de vérification et de révision des limites des aires protégées a été créée par décret n° 92-071/PM du 11 mars 1992. La mise en œuvre des stratégies de concertation avec les différents acteurs s’est traduite par l’institution de six (6) aires protégées prioritaires dans le système national des aires protégées et l’organisation des populations locales en 60 Associations Villageoises de Gestion Participative des Aires Protégées (AVGAP) et leur structuration en 8 UAVGAP pour une meilleure implication des collectivités riveraines dans la gestion et l’utilisation de la diversité biologique. Dans le cadre de la gestion de l’environnement et des ressources naturelles, le Togo a adopté
des textes juridiques parmi lesquels (i) la constitution du 14 octobre 1992 qui consacre le droit du citoyen togolais à un environnement sain; (ii) la loi n°2008-005 du 30 mai 2008 portant loi- cadre sur l’environnement qui fixe le cadre juridique de gestion de l’environnement au Togo; (iii) la loi n° 2008-009 du 19 juin 2008 portant code forestier; (iv) le décret n°2006/PR du 05 uillet 2006 fixant la liste des travaux, activités et documents de planification soumis à études d’impact sur l’environnement; (v) le décret n° 2003/237/PR du 27 Juillet 2003 relatif à la mise en place d’un cadre normalisé de gestion des aires protégées; (vi) le décret n°99-189/P-RM du 05 Juillet 1999 portant institution de la procédure d’étude d’impact sur l’environnement; et (vii) l’arrêté n° 17/MERF/CAB du 21 Mai 2005 fixant les droits de circulation dans les aires protégées et les modalités de gestion.
Aussi, les promoteurs de projets respectent-ils, de nos jours, les procédures d’étude d’impact environnemental préalablement à l’exécution de leurs projets. Ce qui permet de préserver la diversité biologique.
4 - Principaux obstacles rencontrés dans la mise en œuvre
Le principal obstacle dans la mise en œuvre des actions de conservation et d’utilisation durables de la diversité biologique est relatif à l’état de paupérisation des populations qui recourent le plus souvent aux ressources naturelles pour assurer leur survie. Ce qui réduit l’impact des actions menées sur le terrain. A cela, l’on peut ajouter le fait que certains projets et programmes, annoncés plus haut, n’aient pu être exécutés, faute de financement. Le déficit d’information relative à l’existence d’une stratégie et d’un plan nationaux de conservation et d’utilisation durable de la diversité biologique constitue, dans une certaine mesure, un obstacle, car une bonne partie de la population ignore leur existence.
5 – Priorités futures
Les priorités futures du Togo en matière de conservation et d’utilisation durables de la diversité biologique, se résument : (i) l’élaboration et l’adoption d’une stratégie nationale de réhabilitation et de gestion participative des aires protégées, (ii) la promotion de la gestion intégrée de la zone côtière ; (iii) la prévention et la gestion des catastrophes naturelles ; (iv) la promotion de la gestion participative des ressources naturelles ; (v) la réduction de la pression humaine sur les ressources naturelles ; (vi) le renforcement des capacités nationales de gestion de l’environnement et (vii) le renforcement de la coopération sous-régionale et internationale en matière de gestion de l’environnement, (viii) la lutte contre la désertification et les changements climatiques, (ix) la gestion et l’utilisation rationnelle des ressources des zones humides, (x) la promotion des activités génératrices de revenus et (xi) le développement de mécanisme de
mobilisation de ressources.